La ville Rufisque a la merci du changement climatique

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Dakar: Mohammed Tafraouti

Les caractéristiques de fragilité dessinées sur l’environnement local, pénètrent dans les profondeurs du cœur d’une ville située  dans l’extrême ouest du continent africain dans la péninsule du Cap-Vert.

Ville Rufisque. Par Mohammed Tafraouti

Loin  de 26 kilomètres au sud-est de la capitale Dakar, la ville  Rufisque  brune  porte  des traits profondes tracés par la  fragilité de ses infrastructures et  la misère  frappante  des ses quartiers. Ville datant du XVIe siècle, elle garde une belle  architecture  de conception européenne, mais ses bâtiments sont vétustes.

Elle a Joué un rôle important dans la relation entre l’Afrique et l’Europe pendant le 18ème siècle. Elle a été considérée comme  le centre stratégique du colonialisme français pour le contrôle de l’Afrique de l’Ouest.

Le port construit, à l’époque,  a transformé la région  en  un marché international florissant, d’où des tonnes d’arachides  ont été exportées vers l’Europe

La fermeture de l’emplacement géologique de la vile dans le demi bassin semi fermé dans le sud  donnant sur l’océan, pose d’énormes problèmes apparents dans le paysage naturel et environnemental de cette triste ville, tels que  la montée du niveau  de la mer, l’augmentation de la  température, le déséquilibre de la pluviométrie, la rareté de l’eau, la sécheresse, l’érosion  grandissante des zones côtières et la salinisation des terres….

Les habitants de la ville de Rufisque n’oublieront jamais les zones peuplées d’habitants avalées par la mer et qui n’existaient plus. Les générations de la région racontaient l’entêtement de la mer qui ne cessait de cogner continuellement leurs portes poussant la population à libérer la voix à son extension gourmande vers leur souks (marché) et habitations qui  bondaient de vie.

Des quartiers entiers, disait le  gardien  du cimetière des musulmans, « Thaiwlen Bonde »,  « Thaiwlen Pouyéne » et « Thaiwlen Digue » ont été  inondés peu à peu par les vagues ; et maintenant  la mer est  à la périphérie  du cimetière musulman arrêtée par un mur érodé.

Ce phénomène continue depuis 1960, chaque année la mer les brutalisait sans relâche, deux mosquées et des habitations sont inondés complètement par la mer et que cette année de nombreuses tombes avaient disparues, disait un vieux de la région.

L’érosion côtière et l’empiétement de la mer sont devenus des fantômes qui effraient les habitants de la ville et le fort bruit  des vagues une obsession qui les privait de sommeil en se méfiant des marées de peur de récidivité de la journée tragique du 1ier juillet 2007 quant les eaux avaient emporté de nouveau une partie du cimetière du quartier « Thaiwlen » et des maisons de l’avenue adjacente racontaient les pécheurs de la région.

La docteur Isabelle Niang Diouf, chercheuse à la Faculté des Sciences  de Dakar et native  de la ville de Rufisque, qui s’attendrait  au pire avec la montée du niveau de la mer à cause du réchauffement de la planète a  mis en garde de l’aggravation de la situation.

Ceci, nécessite une intervention urgente pour lutter contre le problème du changement climatique et la de sensibilisation de la population sur les données essentielles et les moyens d’adaptation avec le phénomène afin de contenir ce problème ardu.

Cimetière Rufisque. Par Mohammed Tafraouti

Pour expliquer ce phénomène Dr Benoît Lebot Conseiller des changements climatiques du PNUD / Environnement Finance Group a déclaré, en marge de l’atelier résidentiel de renforcement de capacité et de mise à niveau sur le thème : Médias et Changement Climatique organisé à Dakar au profit les medias  par le programme « Africa Adaptation Programme », que la différence de température qui sépare notre monde d’aujourd’hui à la dernière ère glaciaire est 5°C.  Celle-ci remonte à 10 000 environ. A cet époque la calotte glacière arctique couvrait toute la Scandinavie, jusqu’au nord de l’Allemagne. Les océans étaient 120 m plus bas que leur niveau d’aujourd’hui.

Le Sahara était une immense prairie verte, peuplé et parcouru de tous les grands mammifères Africains. Bref le monde avait une toute autre physionomie.

« Aujourd’hui la température moyenne à la surface de la terre est environ de 15°C », ajoute Dr Benoît Lebot, pendant l’ère glaciaire, elle était donc de 10°C. Bien entendu, une température moyenne planétaire a peu de sens : à tout instant, il existe de grande amplitude de température selon les latitudes, l’altitude et le moment de la journée.

Le réchauffement qui s’est produit et qui a permis à la terre de sortir de cette dernière ère glaciaire à des causes parfaitement naturelles. Il s’inscrit dans les cycles de la planète qui a alterné des refroidissements et des réchauffements. Ces changements climatiques se sont déroulés progressivement, sur des longues durées, plusieurs millénaires à indiqué le Conseiller des changements climatiques du PNUD.

Le changement climatique observé aujourd’hui arrive sur une période très courte, à l’échelle d’une génération. C’est du jamais vu. On sait désormais que la principale raison de ce changement sont les activités humaines : recours massif aux énergies fossiles, carbonées, combiné  à la déforestation.