En 2013, le gouvernement sénégalais a officiellement reconnu le baccalauréat arabe, marquant une avancée significative pour les diplômés des écoles arabophones du pays. Cette décision visait à promouvoir l’inclusion et à offrir des opportunités égales aux étudiants qui choisissent de poursuivre leurs études dans la langue arabe.
Cependant, malgré cette reconnaissance formelle, les diplômés en langue arabe continuent de se heurter à des défis majeurs dans leur quête de reconnaissance et d’intégration dans divers secteurs de la société sénégalaise.
Cet article explore les défis persistants et les voies potentielles pour améliorer la situation des diplômés en langue arabe au Sénégal.
1. Pour le Contexte historique et culturel:
Le Sénégal est un pays multilingue et multiculturel avec une histoire riche en matière d’éducation.
L’introduction et la reconnaissance du baccalauréat arabe sont des étapes cruciales pour le pays, où une partie significative de la population suit une éducation arabo-islamique. Cependant, le système éducatif sénégalais a longtemps été dominé par la langue française, ce qui a contribué à la marginalisation de l’éducation en langue arabe.
Bien que l’État ait reconnu le baccalauréat arabe, il reste encore un long chemin à parcourir pour que les diplômés soient pleinement acceptés et intégrés dans la société.
2. Défis dans le marché du travail:
L’un des principaux défis auxquels sont confrontés les diplômés en langue arabe est l’accès au marché du travail.
Beaucoup d’employeurs au Sénégal privilégient les candidats ayant un diplôme en langue française ou anglaise, car ces langues sont perçues comme plus « utiles » dans un contexte globalisé.
En conséquence, les diplômés en langue arabe se retrouvent souvent limités à des emplois dans les institutions islamiques, les écoles coraniques, ou à des rôles de traducteurs, malgré leurs compétences et leurs capacités, ce qui réduit considérablement leurs perspectives de carrière.
De plus, le secteur privé n’a pas encore pleinement intégré la valeur des compétences acquises par les diplômés en langue arabe, ce qui conduit à une sous-utilisation de leur potentiel.
La reconnaissance du baccalauréat arabe n’a pas nécessairement entraîné une augmentation des offres d’emploi ou une valorisation accrue des diplômés dans le secteur formel de l’économie.
3. Enjeux dans l’enseignement supérieur:
Dans le secteur de l’enseignement supérieur, bien que certains universités publiques comme l’université cheikh Anta Diop de Dakar, l’institut des langues étrangères appliquées de L’UGB, et privées comme université cheikh Ahmad Bamba de Touba (UCAB), et complexe cheikhoul khadim de Touba (CCKA) aient commencé à admettre des étudiants titulaires d’un baccalauréat arabe, ces étudiants font face à de nombreux obstacles.
Les filières proposées pour les diplômés en langue arabe sont souvent limitées et ne couvrent pas un large éventail de disciplines. Cela peut conduire à une surcharge des départements de langue, civilisation et littérature arabes, tandis que d’autres domaines restent inaccessibles en raison de la barrière linguistique.
En outre, il existe un seul déplacement arabe pour tous les arabophones du Sénégal à l’université cheikh Anta Diop de Dakar, où les étudiants arabophones subirent un camouflage avec les autres étudiants de série L’, L1, L2, et le système de paquetage.
En outre le problème de la langue française pour les arabophones qui ont eu une formation purement arabe de primaire au terminal.
Pour les universités privées le problème de reconnaissance et d’ équivalence de diplômes reste une cause sans solution jusqu’à présent, sans citer le problème des bourses pour les étudiants arabophones.
À ce qui concerne ILEA le problème linguistique reste toujours comme barrière devant les arabophones ect…
Ces défis peuvent décourager les étudiants de poursuivre des études supérieures, limitant ainsi leur développement professionnel.
4. Barrières sociales et perception culturelle:
Les diplômés en langue arabe au Sénégal continuent de lutter contre les stéréotypes et les préjugés.
Certains segments de la société associent l’éducation en langue arabe à un manque de modernité ou à une orientation religieuse stricte, ce qui peut affecter négativement la perception sociale des diplômés.
Cette stigmatisation culturelle peut créer des obstacles supplémentaires à l’intégration sociale et professionnelle, renforçant un cercle vicieux de marginalisation.
5. Initiatives et recommandations pour l’avenir:
Pour remédier à ces défis, plusieurs initiatives pourraient être envisagées .
– Sensibilisation et formation des employeurs : Des campagnes de sensibilisation visant à informer les employeurs sur la valeur ajoutée des compétences des diplômés en langue arabe pourraient être mises en place.
Des ateliers et des formations peuvent également être organisés pour aider les employeurs à mieux comprendre comment intégrer ces diplômés dans divers secteurs.
– Ouverture des départements d’arabe dans toutes les universités publiques du Sénégal:
En attendant d’ avoir une université arabo-islamique moderne dans le tretoire national, les arabophones demandent au président de la république à travers son ministère de l’enseignement supérieur… Mr Abdou Rahman Diouf, d’ouvrir un département d’arabe dans toutes les universités publiques du Sénégal pour diminuer le taux orienté au département d’Arabe de l’université cheikh Anta Diop de Dakar et les autres universités privées arabe.
– Diversification des programmes universitaires :
Les institutions d’enseignement supérieur devraient envisager d’élargir leur offre de programmes pour les étudiants en langue arabe, en incluant des disciplines telles que les sciences, la technologie, et les études commerciales, dispensées en arabe ou dans un cadre bilingue.
– Renforcement des capacités pédagogiques :
Il est essentiel d’investir dans la formation de professeurs qualifiés capables d’enseigner une gamme plus large de matières en langue arabe, ainsi que dans le développement de matériel pédagogique approprié.
– Promotion de la diversité linguistique et culturelle :
Le Sénégal pourrait bénéficier d’une politique plus inclusive qui valorise toutes les langues et traditions éducatives du pays.
Promouvoir la diversité linguistique et culturelle comme une richesse plutôt qu’un obstacle pourrait améliorer l’intégration des diplômés en langue arabe.
Pour conclure un peu dire, la reconnaissance du baccalauréat arabe au Sénégal en 2013 a été une étape importante, mais elle n’a pas suffi à garantir l’égalité des chances pour les diplômés en langue arabe.
Pour que ces diplômés soient pleinement intégrés et valorisés dans la société sénégalaise, il est nécessaire d’adopter des politiques inclusives et de promouvoir un changement de perception au sein de la société.
Ce n’est qu’en surmontant ces défis que le Sénégal pourra véritablement tirer parti de la diversité et de la richesse culturelle de ses citoyens.
Ousmane seck étudiant à l’Université cheikh Anta Diop de Dakar à FLSH au département d’Arabe, et ancien président du club département d’arabe.